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Le journal de Dominique

Blandine au Maroc - 1ère partie

Blandine au Maroc - 1ère partie

À

Elise V. à qui ce texte est destiné

Sophie V. ma fille qui était avec moi au Maroc

Béatrice P.L. amie, présidente de cani-nursing

Caroline et Aline mes vétérinaires

Chapitre 1

Et bien ?

Ce matin, que se passe t-il dans la maison? On dirait que tout va de travers! Pas moyen de circuler dans le salon! Et comment vais-je aller ronger les petits morceaux de gâteaux, biscottes et pain de mie que mes humains laissent tomber au petit déjeuner ? Et comment vais-je pouvoir aller me cacher quand la maison est envahie? Ou quand la lumière me fait mal aux yeux?

Tu sais bien toi qui lis mon histoire: le soir, à la nuit tombante, tous les humains systématiquement font le même geste. Ils arrivent dans la pièce... et ils allument toutes les lumières l'une après l'autre... le lampadaire... la petite lampe sur le buffet... celle du meuble-télé... Puis ils ferment les grands double-rideaux... Et le silence s'installe. Les bruits s'amenuisent pour laisser place aux seuls craquements des bois de la charpente ou au grignotage des souris qui circulent dans la double paroi du mur. C'est le moment où j'arrête de gambader et où je vais m'installer dans ma maison pour la soirée et la nuit.

Chapitre 2

Pourtant ils s'étaient engagés... Ils avaient signé un engagement... Une promesse ça se respecte quand même? Non?

Je suis arrivée chez mes humains d'une façon pour le moins étrange.

C'était un soir d'été... Il faisait très chaud. J'étais toute petite... Une toute petite chose sans défense... à peine grosse comme une boîte à chaussures de bébé... Deux mains humaines m'avaient prise. Je sentais deux douleurs très vives dans mon dos: une à la base de mon cou et l'autre au creux des reins. Mes pattes gigotaient sous moi telles des pantins désarticulés tandis que je sentais le sol me quitter. Sans ménagement, au risque de me rompre en deux, on me laissa tomber dans un carton. On referma sur ma détresse le couvercle et j'entendis le crissement du ruban collant qui soudait la porte de ma prison. Je ne sais combien de temps je restais ainsi... sans le moindre granulé à manger … sans une goutte d'eau à boire... Qu'avais-je fait pour mériter un traitement semblable? Il ne me restait qu'à m'endormir...

Chapitre 3

Puis on prit ma boîte et on me jeta dans une voiture- J'ai compris cela bien après- Je me suis cognée sur les parois de mon carton: un coup la tête en bas, un coup debout sur les pattes arrières. Un cosmonaute dans sa capsule doit éprouver les mêmes sensations que moi à ce moment-là. Une véritable expérience de l'apesanteur.

On me sortit en me tirant par la tête. A ce régime-là, on me transformait à coup sûr en lapin sans tête et on me fourra dans une cage à barreaux encore plus petite que ma boîte de chaussures. Je ne sais pas où j'étais, je ne voyais rien. Une projecteur très puissant m'aveuglait et des cris humains, de la musique violente, la voix de crécerelle de mon tortionnaire m'obligeait à essayer de rentrer ma tête dans mon ventre pour ne plus rien entendre! Exercice difficile s'il en est un pour une petite lapine. Je sursautais quand j'entendis : « M'sieur, M'dame, regardez ce que vous avez gagné... Avec un peu d'engraissement, ça vous fera un joli pâté pour Noël » Je savais ce que ça voulait dire: ma grand-mère, ma tante et même mon grand-père avait subi le même sort.

Chapitre 4

Terrorisée, crispée, raidie... Un morceau de bois, voilà ce que j'étais devenue.

De ma cage qu'ils avaient achetée à mon gardien, je les regardais s'agiter... apporter des planches en bois de taille variées, des sacs...

Une humaine me prit avec délicatesse au creux de son bras et me caressa l'arrière de mon cou. Mon petit coeur se mit à bondir … Sa voix susurra à mon oreille: « Tu vois Blandine, plus jamais tu ne seras maltraitée... On va te garder … Tu vas vieillir avec nous... Tiens voilà ton dodo! » Et elle me mit dans une grande caisse ouverte dessus. Dedans, on avait étalé du foin. Dans un petit bac en plastique, une réserve de granulés et dans un autre coin un petit bol avec de l'eau fraîche... Sur le devant de la caisse, une encoche me permettait de sortir... de rentrer! Le grand jeu, quoi !

Chapitre 5

Maintenant au beau milieu trône un arbre! Mais, au bout des branches, de minuscules petites tiges vertes bien piquantes. Ma z'humaine avait sorti des boîtes et commençait à accrocher des objets plus brillants les uns que les autres.

Des paquets arrivaient au pied de l'arbre. Des paquets de toutes les couleurs! Des bleus, des rouges... Et sur ces paquets... une enveloppe blanche très longue. J'avais beau me mettre sur les pattes arrières et m'étirer le cou... Rien à faire pour voir...

Chapitre 6

La maison reprenait-elle son calme après toute cette excitation? Non! Non! C'était trop beau.

Un matin, sans doute très tôt, la maison était encore envahie par les pénombres de la nuit que soudain les lumières éclatèrent et que bien sûr je fus réveillée par ce brouhaha assourdissant... Les humains se précipitèrent bruyamment sur l'arbre qui venait de s'éclairer. Personne ne fit attention à moi et l'un d'entre eux mis même un coup de pied dans ma caisse.

Le spectacle auquel j'assistais me sembla surnaturel! Mes deux maîtres étaient dans les bras l'un de l'autre, enlacés... Les enfants sautaient de joie en découvrant le contenu des paquets. Les papiers s'étalaient sur le sol. Soudain mon maître se saisit de l'enveloppe blanche... l'ouvrit... sauta sur place...

Oh! Un voyage! Un voyage! Un voyage au Maroc!

Chapitre 7

Depuis cette fameuse nuit, rien n'a été pareil dans la maison. De grandes cartes recouvraient les tables de la cuisine, de la salle à manger, celle du salon... Peut-être même celle de la pièce où ils dorment – je n'y suis allée qu'une seule fois furtivement, en sautant les marches une à une... Mais comme l'exercice est périlleux je n'y suis jamais retournée.

Dès que mes humains rentraient le soir du travail, ils se mettaient à parler une autre langue et j'entendais des mots de plus en plus bizarres et inconnus de moi. Tétouan...Fès... Marrackech... Ksar es Souk... et d'autres bien sûr que je n'ai pas retenus – beaucoup trop éloignés de ma langue natale...

chapitre 8

Toute cette nervosité, toute cette excitation ne m'avait guère émue jusque là...

Mais, un soir, alors que tout le monde était monté se coucher, quelque chose me réveilla en sursaut...Un bruit peut-être... Le hululement d'un chat huant dans le bois voisin? Impossible de me rendormir, la pièce où était ma caisse était plongée dans la lumière blafarde et surnaturelle de la pleine lune... Je posai ma tête sur l'encoche de ma caisse, mon cou bien tiré sur l'avant ...Je me mis à réfléchir à tout ce que je venais de vivre depuis cette fameuse nuit. Mes maîtres , très préoccupés par le Voyage, ne s'occupaient plus guère de moi... Quand ils me prenaient encore sur leurs genoux, j'avais droit à des réflexions fort désagréables du style: Tu deviens de plus en plus grassouillette... Blandine tu t'arrondis... Un beau cuissot! me disait-on en me palpant la patte arrière.

Une vision me traversa l'esprit et je songeai d'un coup à la prédiction de l'homme qui m'avait remise à mes maîtres actuels. Je compris à ce moment là que le Maroc c'est loin... (Ils avaient évoqué la possibilité d'embarquer à Bordeaux) ... Qu'ils ne pourraient pas rentrer tous les soirs... Que la maison allait être fermée... Et moi? Qu'est-ce que j'allais devenir?

Allait-on me frapper fort sur la nuque pour pouvoir me dépouiller … Me découper pour me transformer en civet ou en pâté?

Je me mis à trembler, fermai mes yeux et restai prostrée sur ma boîte à granulés. Je me rendormis d'un sommeil agité, secoué de temps en temps par des spasmes nerveux...

Chapitre 9

J'étais dans cette position inconfortable quand un des enfants descendit et vint me donner ma caresse matinale toujours accompagnée par une petite rondelle de carotte bien fraîche juste coupée pour moi. Il poussa alors un cri: Maman! Papa! Venez vite! Descendez! Blandine est malade! Elle va mourir!

Alerté, tout le monde descendit et entoura ma caisse. On se pencha sur moi- je ne sais plus qui- on me prit et on me posa au milieu du cercle formé par mes humains.

Mon maître me caressa , me tata avec sa grande main, pris mon museau entre ses mains et ne pu que constater que mon petit nez bougeait correctement et que je n'avais rien d'alarmant. Il me donna de l'eau bien fraîche, quelques granulés, vérifia mon foin et se releva en expliquant qu'il ne voyait pas ce que je pouvais avoir mais que comme on m'emmenait dans l'après-midi chez le vétérinaire pour me mettre en règle, ce serait facile de passer un « check-up ».

J'étais noyée dans ce délire verbal. Je ne comprenais aucun des mots utilisés: « Vétérinaire, température, mettre en règle, check-up ».

Chapitre 10

Au milieu de la journée, mes maîtres ouvrirent la porte d'entrée et je les entendis marcher... Allaient-ils aller dans la cuisine comme d'habitude? Non ils s'arrêtèrent devant la porte de ma pièce qu'ils ouvrirent en grand. Ils s'assirent devant moi me murmurant dans mon oreille: « mais elle va un peu mieux notre Blandine? Non? T'as encore de la fièvre? T'as mangé et bu? Ouf! De toutes façons, on reste avec toi tout cet après-midi. Il faut que tu sois en règle!

Encore ces mots? Mais ça devenait un obsession...

Dans le milieu de l'après-midi, mes zu'parents sortirent une sorte de caisse fermée par des barreaux. Dedans j'entr'aperçus un grand papier blanc qui dépassait de tous les côtés, avec dessus du foin et un petit récipient contenant quelques granulés. Une sorte de bouteille verte était fichée à l'extérieur de cette cage et un petit tube rond sortait dans la cage. On me sortit de ma caisse, me glissa dans cette grande cage dont on ferma la porte. Mais je pouvais tout voir, tout entendre... et en plus je pouvais bouger sans me cogner. Un des adultes attrapa la poignée de la cage et sortit, ma cage à bout de bras, pendant que l'autre allait ouvrir la portière. Ce dernier glissa la sangle - la ceinture de sécurité- sur le dessus de la cage et essaya de me faire bouger. Tu vois Blandine tu es en sécurité dans le kennel. Il ne t'arrivera rien même sur un coup de frein.

Et maintenant on va chez le vétérinaire.

chapitre 11

Le patron s'installa au volant, démarra la voiture qui peu de temps après s'ébranla.

Tiens! Il avait raison! La cage ne bougeait pas et je pus facilement m'endormir...

Combien de temps? Longtemps? Pas longtemps? Je ne me rendis compte de rien. Quand la voiture s'arrêta je ne ressentis même pas une petite secousse.

On me descendit devant une maison totalement inconnue de moi... Étrange maison peinte en rose et vert... avec sur un des murs, des silhouettes en négatif de chiens... de chats... de vaches... de poules... et celle d'un lapin! À l'intérieur... Je ne vous parle pas des odeurs... Assis sagement sur des bancs le long des quatre murs de la pièce, des hommes, des femmes avec à leurs pieds des chiens en laisse, des chats dans des cages similaires à la mienne. Quelle ne fut pas ma surprise quand quelque chose s'ébroua dans un de ces kennels! Une traînée de poussière mêlée à de microscopiques morceaux de plume me fit éternuer... Et un lapin qui éternue ça fait du bruit!

Une voix féminine appela mes deux humains qui se dirigèrent vers une autre pièce avec moi dans ma cage.

«

- Donc c'est pour?

- Notre lapine Blandine. Il faudrait qu'elle soit en règle rapidement! »

Encore! Être en règle!

La jeune dame me regarda sous toutes les coutures. Elle mit un tube très froid dans mon derrière et s’esclaffa « Température parfaite » Elle passa un étrange anneau sur mon poitrail et trouva que j'avais un cœur de jeune fille. Soudain, elle pinça la peau de mon cou. Je poussai un cri car là je me souvenais de la douleur que j'avais déjà éprouvée. Je sentis une piqure et quelque chose de froid qui glissait dans mon corps.

Je l'entendis dire à mes maîtres qu'ils pouvaient partir l'esprit tranquille puisque maintenant j'étais en règle.

Elle leur expliqua aussi que mon incompréhensible malaise venait d'un stress ou d'une peur que j'avais pu avoir.

Elle griffonna un petit papier qu'elle leur remis. Si vous avez un souci, n'hésitez pas à aller voir ce monsieur. C'est un ami.

Et nous rentrâmes à la maison...

A peine arrivés, on me déposa dans ma caisse et mon maître me montra un carnet bleu avec des étoiles dessus. « - Tu vois Blandine, maintenant tu es en règle. Tu as eu ton vaccin et tu as ton passeport. Nous allons pouvoir partir! Il ne reste qu'un achat à faire : un sac à dos dans lequel tu seras et l'abri et dans lequel tu verras tout. Mais il faudra que tu sois sage parce que tu vas rester plus d'un mois dans le kennel » …

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S
bravo ! j'adore !
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D
Je suis également les aventures de Blandine, j'attends avec impatience la suite!
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S
pov Blandine !!! espérons que la suite sera plus rose ;)
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D
Faudra lire pour savoir!
D
super Bravo!
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D
Merci beaucoup
D
Dès qu'elle sera écrite...
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