Le cabas à boules de poils- La courge

La courge

Des cris stridents, des bruits de semelles de bois retentirent soudain, bientôt suivis de violents coups de boutoir donnés sur la lourde et épaisse porte de chêne bardée de fer qui tardait à s'ouvrir en ce matin de septembre.

Quelle animation aux abords de la porte ! En temps ordinaire, la petite rue - véritable rampe - vers le château n'attirait guère les badauds. Il fallait de bons jarrets pour s'y aventurer. En dépit des récits terrifiants et rumeurs qui circulait sur cette chapelle-porte et l'antique voie romaine qui se glissait dessous, elle servait de terrain de jeux aux enfants qui, eux, la dévalaient en courant, faisant trembler et claquer les planches de bois qui atténuait quelque peu la raideur de la pente.

Des prisonniers , par petits groupes, conduits par les gens d'armes du châtelain se dirigeaient vers la place du village. Ils tiraient comme ils pouvaient de pauvres hères désarticulés, bras tendus vers le ciel, qui essayaient vainement d'adresser au Ciel une prière.

Dans un des groupes , quelques individus avaient glissé sur le sol rendu glissant par l'humidité de l'automne naissante, étaient tombés face contre terre mais entravés par une chaîne de fer puissamment tenue par les mains gantées des gens du baron , ils ne pouvaient se relever. Leurs têtes claquaient sur les pavés disjoints de la voie qui traversait le village de part en part, et y déposaient des marques rouges de place en place . Au fur et à mesure que les cris s'amplifiaient, la foule se tassait de part et d'autre de la haute chapelle- porte qui marquait les limites du château prête à suivre ce cortège.