Le Gynécée- Un jeu de dupe

Assise sur une banquette de simili cuir verdâtre - mais qui a sans aucun doute dû être marron un jour- Agnès sent que son corps, sa tête lui échappe. En dépit du café pris en gare de La Rochelle , le sommeil la gagne.

Voilà bientôt une heure que le TER l' a emportée. Sa tête, ses épaules, son buste dodelinent en rythme - mouvement de balancier d'une comtoise - avec le roulement des roues de fer glissant sur le rail. Les yeux fermés, elle sent que son journal, progressivement, glisse sur ses genoux... Elle ne le rattrape pas et ne le lira pas... Un frôlement sur son épaule la fait sursauter. « Mademoiselle, nous arrivons en gare de Saintes dans quelques minutes. »

Le samedi soir, Agnès sursaute au coup de sonnette et se précipite pour ouvrir. Anthony, les mains vides. Pas une fleur. Pas un paquet de chocolat. N'y prêtant guère attention, elle fait entrer son visiteur... Elle remarque le regard insistant qu'il pose sur un petit coffret en métal argenté ciselé qui trône sur un guéridon. Se méprenant sur les sentiments de son compagnon, elle lui précise que l'objet vient d'Angleterre et qu'il est bien grand pour les deux seuls colliers qu'il contient. Il l'attire vers lui...la déshabille... et l'entraîne vers le canapé... repoussant brutalement d' un coup de pied la petite chienne qui part en boitillant et en gémissant. « J'ai été surpris et je ne voulais pas lui faire de mal, tu peux me croire. » « Je t'abandonne quelques minutes, je vais confier Diane à ma voisine. Pas la peine de lui faire faire un aller retour et avec mes nièces qui n'ont pas l'habitude d'un animal, j'ai toujours peur qu'elles laissent le portail ouvert et que Diane s'enfuie » Le lendemain de leur visite, Agnès est réveillée par la sonnerie du téléphone. Mal réveillée, elle entend la voix de sa mère marmonner et ne saisit pas tout de suite les propos qu'elle tient.

En larmes, Agnès veut comprendre pourquoi Anthony s'est joué d'elle à ce point. Elle veut en avoir le cœur net. Un détour à Saintes pour prendre sa chienne avant de se diriger vers Les Rosiers sur Loire. Pas l'ombre d'un élevage dans ce village, à l'adresse où il habitait, rue des roseaux, correspond le cimetière....